mardi 12 décembre 2006

Monsieur, vous avez une SEP... (SCLEROSE EN PLAQUES)


Lors d'un camp scout où les jeunes n'étaient pas présents, décision prise de prendre une bonne douche au camping d’à côté... et cet après midi, je me suis rendu compte que quelque chose n'allait pas, lorsque sous la douche, j'ai mis ma main gauche sous le "pommeau" et je trouvais l'eau ni trop chaude, ni trop froide... juste comme il fallait !

Je me suis aspergé d'eau le visage j'ai vite déchanté, et me suis brûlé le visage... C'est donc là que j'ai compris que quelque chose n'allait pas!

Je suis donc allé à l’hôpital le plus proche, et là, je me souviendrai toujours de la manière dont les médecins m'ont annoncé que j'avais une SEP.
Étant à ce moment là en camp avec des scouts, ce serait (selon les médecins) des morsures de "tiques" qui m'auraient déclenché la maladie! et ce n'est pas la maladie de Lyme que j'ai (cela a été vérifié...)
Saleté de "p'tite" bête qui se mettent dans des replis peu agréables. Le pire de ces "p'tites" bêtes, c'est que l'on ne sent rien et que l'on ne se rend pas compte du fait qu'elles soient accrochés et qu'elles vous sussent le sang.

Donc, après un scanner, deux prises de sang et une ponction lombaire, le neurologue vient dans ma chambre et me dit :
"Monsieur, nous pensons conclure, suite aux examens, que nous vous avons fait, que vous avez une sclérose en plaques".....

J'ai du (je pense) rester un peu bouche bée, ne sachant trop quoi dire car je ne savais pas ce que c'était!

Et c'est un peu après mon retour que j'ai compris l'importance de cette maladie, bien que les médecins ne cessaient de me dire : "ne vous inquiétez pas... il y a des gens qui vivent très bien avec".
En effet, certaines personnes vivent avec une SEP sans aucune poussée tout au long de leur vie!

Suivi médical...

De retour dans mon "Paris natal", j'ai pris contact avec mon médecin de famille qui m'a envoyé chez un neurologue qui se trouvait à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière. Une femme adorable, gentille comme tout, répondant à toutes mes questions.

Elle a dédramatisée la situation (même s'il s'agit d'une maladie grave!) en me disant aussi les problèmes physiques qui pouvaient revenir. Elle m'a tout dit y compris le "pire" qu'il puisse m'arriver concernant l'handicap.

Car en effet ma toute première "poussée" n'était "qu'une" insensibilité sur le coté gauche du corps de la plante des pieds jusqu'à l'épaule. Quand je dis insensibilité, je ne sentais réellement rien! On pouvait me toucher la peau, me piquer avec une aiguille, je ne ressentais RIEN...

Elle (la neurologue) me refait donc quelques examens avec une autre ponction lombaire car j'en avais déjà eu une...
(
La ponction lombaire est un acte consistant à introduire une aiguille creuse à l'intérieur de la colonne vertébrale et plus précisément dans la partie inférieure de celle-ci. Elle permet de prélever et de retirer du liquide céphalo-rachidien.) 

Oh joie! Le pire dans cette ponction mombaire, ce doit-être le "après" car si l'on ne reste pas immobilisé pendant 24 heures, les effets secondaires sont durs!!!

En plus de cette ponction lombaire, prises de sang, scanners et IRM étaient de la fête aussi!
Mais bon..., grâce aux bolus de solumédroles, l'insensibilité avait totalement disparu en quelques jours (5 jours).
Les vacances et la vie continuaient donc!

Ces années qui passent...

Et puis comme je le disais, la vie continue sans aucun problème, je trouve du travail, aucun soucis tout va bien pour moi! Merci mon Dieu!
Je fais du sport, je cours, je fais du vélo j'ai même fais un pèlerinage à St Jacques de Compostelle (vous pouvez cliquer pour le site) depuis Paris (à vélo), je fais de la course à pieds, mais aussi du squash...

De temps en temps il m'arrive de sentir des petits gênes dans les jambes, j'ai du mal à monter les marches d'un escalier ou encore marcher dans la rue, ça va de moins en moins bien! Mais j'ai envie de dire que je n'ai pas à me plaindre car je marche sans trop boiter donc je me dis : "ne te plains pas, il y a surement certaines personnes qui souffrent bien plus que toi!"
Je continue mes visites à l'hôpital, on me fait faire des IRM mais on me dit que ça va et que ce n'est qu'une petite "poussée", on me fait un "bolus de solumédrole" pendant trois jours et puis c'est repartit! Cela se fait par perfusion, cela dure 3 heures environ et tout cela pendant trois jours!

Cela a duré 5 ans avec ces fameux "bolus" qui me refaisaient marcher, me permettaient de continuer mon sport (squash), à me promener en vélo, à courir, à marcher, etc, etc, etc... donc pas trop à me plaindre...
 Et puis...

Les interférons...

Après un long rendez-vous avec ma neurologue, elle me dit : "cela commence à faire trop de petite poussées". Il faut que l'on change de traitement! Le traitement que j'avais était des "bolus" de solumédrole lorsque cela n'allait pas trop! "Je vous propose donc des interférons (bétaféron) cela marche par piqure une fois tous les deux jours à se faire soi-même!"

glups et re-glups !!! me piquer moi-même dans "le gras du bide", aïe, aïe, aïe... et là la neurologue me rajoute : "il ne faut pas que vous fassiez votre piqure uniquement dans le ventre, il faut changer de lieu... une fois dans le ventre, une autre fois dans la cuisse droite, puis gauche... vous pouvez même vous la faire dans le fessier".


Après avoir calmé mes craintes elle me dit qu'il existe un n° de téléphone du groupe (qui vend le Bétaféron) que l'on peut appeler, pour qu'une infirmière vienne chez moi pour m'expliquer comment se piquer! Après avoir rencontré cette fameuse infirmière, me voila donc au soir fatidique!

C'est donc parti... doucement mais vraiment très doucement! Tellement doucement, que le soir où je me suis dit "on y va, c'est partit" et bein... j'ai été tellement doucement que j'ai regardé la seringue remplie du produit... je l'ai regardé pendant longtemps et au final, pile-poile au moment où j'étais bien prêt, je me dis : "et bien, la piqûre, c'est pour demain!" je dois être une vrai "chochotte".

J'ai passé une super bonne nuit, tranquille, mais quand même dans la peur du lendemain car il faudra que je me fasse cette saleté de piqure!
La nuit fut bonne, mais trop courte, car en me réveillant, je me suis dit : "ce soir ça sera la bonne" !
Pendant toute la journée, j'ai vu la trotteuse de ma montre avancer... beaucoup trop vite à mon gout !

Ma 1ère piqure

Ça y est... il faut y aller!!! La piqure est prête, tout est devant moi... je ne vais pas avoir le choix!
Alors je commence à compter :


1..... euh 1,1/22...... euh 2,1/2...2,3/43...... pic... "aïe" et voilà c'est fait ; le "aïe" est de trop je n'ai rien sentit du tout plus de peur que de mal tout se passe très, très bien! Heureusement comme on le dit c'est dans le "gras du bide" que je me suis fait ma piqure! Il est 20h et je me suis fait ma 1ère piqure. Je n'aurai jamais pensé y arriver mais c'est fait.

La neurologue, ma prévenu, il fallait que je m'attende à passer une première mauvaise nuit, car ce médicament donne des effets secondaires!

Ne lisez jamais tout ce qui est écrit sur les papiers du médicaments ou bien même n'aller pas chercher les effets secondaires... car c'est assez dramatique à lire ! Si votre médecin vous donne ce traitement c'est qu'il y a une raison...

Sur le papier du médicament entre autre, il est dit que cela peur donner des effets "pseudo gripaux" va savoir ce que cela signifie! Et bien j'ai assez vite compris... au bout de quelques heures, au fond de mon lit, le froid arrive, je tremble de tout mon corps "gla, gla, gla, gla" je me mets à transpirer c'est horrible! Les muscles se raidissent on ne peut pas dire que cela soit très agréable! cela ne m'était, je pense, jamais arrivé.

Les jours passent, les mois aussi, tout va bien, mais seulement quelques mois après...

Ma vie en piqûre...

Tout à l'air de bien se passer! Ma vie continue, les jours et les semaines passent tranquillement. Je continue à VIVRE (en gros tout est TRANQUILLE et je suis HEUREUX), je fais toujours du vélo, un peu de course à pieds, du squash... la vie est belle!
Je suis toujours suivi par des médecins, et je continue àme faire mes piqûres.
 
Mais un jour, une genre de "poussée" à l'air de débuter juste avant les vacances de février 2004, la veille de ce jour là, j'avais fais du squash je pensais que c'était de la fatigue, mais ma jambe traine un peu... voire même BEAUCOUP !

Je me décide donc de revenir à Paris, (où se trouvait ma famille) alors que j'étais à Caen, pour aller voir ma neurologue.
Il faut dire que depuis quelques jours je marche difficilement, j'ai du mal à soulever ma jambe, à marcher... tout à l'air de se détruire dans mon corps.
Dans un "dernier élan de force et de volonté je décide donc de prendre ma voiture (avec du recul je vois que c'était de la folie) et là, les "ennuies" commencent. Étant donné que assis ou debout j'avais du mal à lever ma jambe, et bien dans la voiture il en était de même!

Avez vous déjà testé de laisser une jambe "morte" (c'est à dire sans muscle et sans arriver à la gérer sur un embrayage ou un accélérateur? Il me fallait donc soulever ma cuisse pour changer de pédale entre l'accélérateur et l'embrayage.
Et pour freiner lorsque j'arrivais aux péages ou deux rouges en plein Paris, c'était au frein à main que que je le faisais!

J'arrive donc à Paris le soir, épuisé, et la première chose que je fais c'est de me mettre au fond de mon lit! Mes parents chez qui je m'étais m'ont accueilli effaré de me voir ainsi!

Le lendemain, je sens de moins en moins mon corps, j'ai de plus en plus de mal à marcher à garder l'équilibre. Je me décide à aller faire quelques courses car je me dis "marcher ne te fera pas de mal".
J'ai donc fais une petite ballade de 300 mètres seulement! et j'ai mis au totale 1h1/2 pour aller et venir....!

Heureusement qu'il y avait les murs des immeubles pour me tenir, mais traverser les rues sur les passages cloutés étaient ma plus grande crainte! Quand je commençais à traverser au feu vert , j'arrive à traverser le passage clouté très difficilement et le feu devenait trop rapidement rouge à mon goût. L'handicap commence à venir et le regard des gens met très mal à l'aise.

Ce qui fait qu'il fallait que je sois rapide dans ma très grosse lenteur de marche...
Ce jour là sera donc ma DERNIÈRE ballade à pieds avant un bon bout de temps...

Une méga poussée...

Un jour, puis deux jours passent allant de moins en moins bien!
Et le troisième jour, un matin, je ne puis plus me lever, impossibilité totale de faire quoi que ce soit! 
Mon père était dans la cuisine et je me souviens devant l'appeler, je crie de toutes mes forces : "PAPA" et d'entendre au loin, "Viens je suis occupé"...
Viens?! Mais comment venir alors qu'aucun membre de mon corps ne bouge en dehors de la tête... Je suis dans mon lit et seule la tête à l'air de bouger, votre volonté veut bouger un membre et rien n'y fait !
La main? non!
Le bras? non.
La jambe alors? non.
Le pied? encore moins...
Vraiment rien ne fonctionne.

Mes parents téléphonent à un médecin en urgence, et qui en arrivant après lui avoir expliqué ce qui se passait et comment j'en suis arrivé là me fait une piqure de Morphine car je souffre atrocement du dos!
En effet de rester allonger tout le temps sans bouger me donne de grosses souffrances physiques. Il me laisse avant de repartir une ordonnance pour téléphoner à des ambulanciers afin j'aille à la Pitié-Salpétrière.

Aussitôt dit, aussitôt "presque fait", l'après midi les ambulanciers arrivent et me déposent à l'hôpital et me déposent à l'accueil!
Mais quand vous ne savez ce que vous devez faire, ni qui rencontrer et bien vous attendez dans un couloir gelé, et personne ne s'occupe de vous.

Puis au bout de 3h d'attente un médecin neurologue passe, discute avec moi et mes parents... je suis toujours dans un brancard de l'hôpital et le médecin très silencieux me regarde, touche mes membres, les soulève, et la seule chose qu'il dit en me secouant la jambe ah oui, vous êtes bien tétraplégique!

Ça oui je l'avais remarqué... Toujours sans rien dire, il me redonne une ordonnance pour repartir à la maison en ambulance, car il n'y avait pas de place libre à l'hôpital et il se faisait tard...
Avant que lui même ne reparte, il dit à mon père : "Vous savez, si vous voulez un lit ce que vous auriez du faire, c'est de laisser votre fils devant les urgences ils auraient été obligé de s'occuper de vous." Mon père était effaré d'entendre cela... laisser devant les urgences mon fils et regarder comment cela va se passer?

Retour à la maison et jusqu'à très tard le soir mes parents téléphonent autour de leurs proches pour essayer de voir ce que l'on pourrait faire de moi. Entre les amis, les tantes, oncles, proches etc... qui travaillent dans des hôpitaux nous espérons toujours!
Après avoir fait le tour de la famille, des uns et des autres, la futur belle-mère de mon petit frère qui était infirmière, il y avait aussi une infirmière (dans ma famille) qui travaillait chez les particuliers...

Ces deux personnes m'ont rendus de grands services... C'est donc avec toutes ces personnes, que nous avons pu avancer pour trouver une solution pour le lendemain !

Une porte de sortie...

Après tout ces coups de téléphones donnés, le lendemain matin, un infirmier à domicile vient pendant quelques jours à la maison pour me faire ma toilette le matin.

Et c'est à partir de ce jour que j'ai compris qu'il n'est pas évident d'être malade. Il y a une part d'humilité à avoir pour le quotidien! Avoir 29 ans et de ne pouvoir se débrouiller seul pour faire sa toilette, de ne pouvoir se raser seul, de ne pouvoir se laver les dents seul... de ne rien pouvoir faire seul!
On apprend à partir de cela à être humble et petit, accepté d'être mis à nu... dur, dur!!!

Nous recherchons toujours un hôpital qui pourrait avoir une chambre de disponible, mais les portes ont l'air de se fermer... Et l'hôpital de la Pitié Salpêtrière (dans lequel j'étais suivi) n'a toujours pas de place et ils manquent de personnel, ce qui fait que de nombreuses chambres ne pouvaient être attribuées!

C'est donc la future belle-mère de mon petit frère qui arrive à me faire entrer dans l'hôpital ou elle travaille... Heureusement que cela a été possible car à la maison je me trouvais bloqué sans pouvoir rien faire, et je n'avais aucun médecin qui me suivait, je souffrais toujours de ces douleurs du fait de ne pas bouger!
Ça y est je suis pris en charge par un hôpital tout va pouvoir commencer par un suivi un peu sérieux. Je ne sais comment la remercier de tout ce que ma famille ou mes proches ont fais pour moi!

Et c'est à partir de mon entrée dans cet hôpital, que tout a commencé...
Le soir même de mon arrivée, on m'annonce le programme des soins. Ce sera "bolus de solumédrole" à très haute dose et 24h/24h... je ne me souviens plus sur combien de jour. Mais cela a duré pendant très longtemps...

Pendant ce temps l'hôpital dans lequel je me trouvais cherche à tout prix à me faire entrer à la Pitié-Salpétrière car c'est à la Pitié que je suis suivi!
Ils se sont vraiment démenés comme des fous pour que mon transfert se fasse....
BRAVO et MERCI !

Enfin ! ! !

Ça y est, au bout de quatre jours, une place se libère à la Pitié-Salpétrière, ENFIN !!!
Me revoilà dans une ambulance, puis à la Pitié où une chambre seul m'attend dans le service adéquate!
Et ce sont des infirmières et aide-soignants qui m'accueillent dans mon nouveau domaine...
Tout se passe très bien!
Mon traitement? des bolus de solumédrole qui ne cessent de m'être donné mais rien ne bouge, ni mes doigts de mains ou de pieds..., rien uniquement la tête qui peut dire oui ou non en geste!
J'arrive aussi à parler!!!
Un médecin m'avait dit que j'avais de "la chance" car certaines personnes pouvaient avoir aussi un manque de la parole dans la sclérose en plaques!!! Tu parles qu'elle CHANCE... au point où j'en étais. :)

En plus des "bolus", on continue à me faire des IRM, prise de sang et gaz du sang! Là aussi je me rend compte des douleurs de ce que cela est. Une aiguille dans une artère!

Les aide-soignants sont merveilleux, d'une gentillesse extraordinaire. Ils ont le "coeur sur la main", toujours là pour rendre service, ils vous aident et vous rendent service dès que vous en avez besoin!
Vraiment des hommes et femmes extraordinaires! Merci à chacun d'entre vous!

Et, dès mon arrivée, l'aumônier de l'hôpital est venu me rencontrer, car je suis Catholique et les infirmières avaient prévenu l'aumônerie qu'un "séminariste" (futur Prêtre) était ici...

lundi 11 décembre 2006

Les jours passent ! ! !

Les jours passent, passent...
Je ne vais vous décrire chaque jour qui passe, mais j'ai pu passer de "bons" jours grâce à toutes les personnes qui sont venu me voir, me visiter... à vous tous je vous dis merci!

De "bons jours" grâce au personnel soignant, infirmières et aide-soignants qui sont là, aux petits soins pour vous! Pas tous les jours car elles ont beaucoup de travail et je ne suis pas seul à ce moment la dans l'hôpital !

Il est vrai que de rester allonger sans pouvoir bouger aucun doigt de pied ou de main... n'est pas très réjouissant!
La tétraplégie... une chose plus que gênante, puisque seul votre tête (pour ma part) pouvait bouger, j'étais handicapé!
Je ne pensais jamais en arriver là mais... c'est ainsi et il fallait essayer de vivre avec!
J'ai eu aussi beaucoup de chance car ma famille a toujours été présente à mes côtés, ils étaient là tous les jours pour me faire une visite en fin de journée, me faire manger ou boire.... ou encore le soir à des horaires très tardifs... merci Geo mon petit frère!

La Mitoxantrone et la mort du Pape Jean Paul II

Puis, vient un jour un matin le neurologue accompagné de quelques étudiants en médecine. En effet, l'hôpital de la Pitié, est un hôpital où de nombreux étudiants se forment afin de devenir médecins, chirurgiens etc...
Après la discussion du matin, savoir si j'avais passé une bonne nuit, savoir si j'ai pris mon petit déjeuner, les médicaments...
Le neurologue, me propose un nouveau traitement qui se nomme la : Mitoxantrone (cliquez sur ce mot pour en savoir plus), il m'explique que c'est un médicament que l'on donne aux personnes en général qui sont atteintes d'un cancer.
Mais on a découvert que ce médicament, pouvait être bénéfique aussi, pour ceux qui étaient atteint de la sclérose en plaques. En effet nous pouvons connaitre autour de nous quelques personnes qui prennent de la Mitoxantrone, et pour qui les effets sont bénéfiques.

Il me dit ensuite que pour prendre ce médicament, le patient doit être suivi, par des prises de sang. Le neurologue, me demande de bien réfléchir avant de prendre ce médicament, car c'est un traitement lourd et, alors que je lui avais dit que je ne voulais plus prendre aucun traitement étant donné mon état de santé.
Il voulait donc que je réfléchisse bien et que je lui donne une réponse à sa proposition! Je lui dis que je lui donnerai une réponse après le week-end.

J'avais donc deux jours pour réfléchir à prendre ou ne pas prendre ce traitement!!!
Après avoir fait des recherches et s'être renseigné autour d'eux, ma famille m'explique de quoi il s'agit et j'ai pris la décision de ne pas prendre ce médicament. Trop peur des effets secondaires qu'à l'époque il pouvait donner et peut-être toujours maintenant.
Mon choix à été fait à partir de documents de l'Afssaps qui on fait que ma décision a été un refus.
Une phrase de ce document m'a fait dire que j'avais déjà une SEP, je n'avais pas besoin de me rajouter une maladie de plus... " A ce jour, 8 cas de leucémies secondaires (dont 4 fatales) ont été rapportés en France chez des patients traités par mitoxantrone pour une sclérose en plaques". Vous trouverez ces documents en cliquant sur le mot Mitoxantrone. (ci-dessous).
En effet, la Mitoxantrone, peut donner la leucémie... ainsi que des problèmes cardiaques...

Le lundi matin, le neurologue passe avec les aides soignants, quelques médecins, les infirmières du service etc...
Et là, il me pose la question : « alors, avez-vous pris une décision? » j'ai donc pris deux petites secondes de réflexion, et je lui dis : « voilà docteur, je pense que je ne vais pas prendre ce médicament, car je ne souhaite plus prendre de traitement en ce moment... et étant donné que ce traitement est lourd, ma SEP me suffit... je n'ai pas envie d'avoir la leucémie ou d'autres problèmes...
»

Au mois d'avril le Pape Jean Paul II diminue de plus en plus et moi je suis toujours allongé dans mon lit sans bouger...
J'assiste devant mon poste de télévision à la fin de vie de ce grand homme qui a beaucoup souffert!
Et un matin, grande annonce : "LE PAPE EST MORT", pour ma part comme Catholique et futur prêtre ça me touche énormément, surtout que je l'avais suivit lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Paris.

Mes traitements ce suivent tous les jours et 3 jours après l'annonce de sa mort, mes parents viennent me visiter dans ma chambre. Quelque chose d'extraordinaire va se passer, mon pouce de doigts de pied bouge très légèrement, j'arrive à le faire bouger...
TROP TROP TROP HEUREUX !
Au fond de moi, je suis convaincu, sur et certain qu'un jour je remarcherai! Mais les médecins le sont beaucoup moins!
"Vous savez ce n'est pas avec les traitements que nous vous donnons que vous vous en sortirez. Ce que nous vous donnons permet de calmer, pas de guérir."
Mais pour ma part j'en suis sur et certain je sortirai de cet hôpital debout! sur mes deux jambes.

À force de combats, de luttes morales, de volonté et je pense aussi que mes prières dans les derniers jours de vie du Pape Jean Paul II, j'arrivais toujours à bouger ce petit doigt de pied.
Mais pourquoi pas plus?

Au bout de quelques temps, le neurologue voit bien que les choses bougent dans mont corps et prend la décision de me faire changer de service pour faire de la rééducation.

La rééducation...

L'annonce du neurologue était de me dire aussi, que j'allais commencer le lendemain de la rééducation dans le bâtiment qui se nomme Marguerite Bottard.
Et me voila en train de me faire déménagé de ma chambre, je quitte mon voisin, (car entre mon arrivée et mon départ, on m'avait changé de chambre pour laisser ma place à une personne très malade) je le salue en espérant nous revoir un jour.
Lui, il était là car il avait une SLA (Sclérose Latérale Amyotrophique)... 

Le changement fait, toujours au fond de mon lit avec ce doigt de pied qui bouge je commence à faire les rencontres avec les kinés.
Et les premiers programmes furent des massages, on me soulève les jambes, me bouge les pieds, les bras, les mains... en gros on me bouge tous le corps.

Les jours qui suivent j'arrive de plus en plus à bouger d'autres membres, les doigts des mains se mettent à bouger, j'arrive à contrôler (un petit peu) les membres de mon corps c'est fabuleux!

Au fil du temps, j'apprend à avancer dans un fauteuil roulant, à me bouger dans mon lit, à me laver moi-même (le brossage des dents n'a pas été évident la première fois tout seul!)
On ce sent comme un enfant à qui l'on apprends le B A = BA.
Il a même fallu que je ré-apprenne à écrire! Un cadeau de mon petit frère fut un cahier d'écriture pour enfant. Excellent!

Je continue ma rééducation, et les médecins me font pleins de programmes... et un des exercices va être de me tenir debout, avec l'aide d'une machine qui vous bloque les jambes. Et il faudra que je reste bloqué pendant 1/2 heure... c'est épuisant et douloureux.
Et chaque jour, mêmes choses, kiné, rééducation, debout, les muscles, les massages, écrire...

Puis les jours passent tranquillement, avec du personnel vraiment "extra" et sympathique... Merci à Isabelle, la kiné qui s'occupait de moi!

Et, au bout d'un mois, je quitte mon fauteuil roulant car j'arrive à marcher avec une cane.
Quelle joie de se dire je deviens autonome, je ne vais plus avoir besoin de personne !!!
Prendre une douche seul, sans être à nu devant du personnel médical etc...

Puis, j'ai souhaité continuer ma rééducation dans un autre hôpital, celui des Invalides, qui a du matériel bien plus performant, comme la piscine, le ping-pong (et oui!!!) puis, j'ai eu la possibilité de ré-apprendre à conduire... en prenant des cours... Ce fut pour moi une grande joie que de conduire dans Paris!

Et, c'est en juin 2005, que j'ai quitté cet hôpital (les Invalides), en gardant des contacts de malades, que ce soit à la Pitié Salpêtrière ou aux Invalides... Un grand, grand merci, à chacun d'entre vous pour m'avoir ré-appris à vivre comme tout le monde!
MERCI

et maintenant...

Maintenant, on peut dire que je vais bien... même très bien par rapport à ce que j'étais. Je suis toujours suivi par un neurologue, j'ai quelques séances de kiné, je cour (pas très vite ni très longtemps mais...) sur un tapis roulant. Je marche dans la rue, je fais mes courses, me lave moi-même... J'ai envie de vous dire (avec des hauts et des bas) la
VIE EST BELLE !

Pour conclure, je voudrais remercier chaleureusement tous ceux qui étaient là lorsque j'étais au fond de mon lit sans bouger, merci de m'avoir tous entouré lorsque j'étais handicapé...

Aujourd'hui, je suis prêtre depuis maintenant 11 ans j'ai quitté Paris pour le Var et je suis un heureux curé de paroisse à Toulon, bien au chaud.

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De l'Evangile selon St Mathieu (Mt 25, 36-40) :

"... j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi ! 
Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.
"

Merci à St Jean-Paul II, merci à mon ancien évêque (décédé à ce jour), aux prêtres et aux séminaristes de mon diocèse ou d'autres diocèses qui sont venus me voir, à vous tous je dis plus particulièrement merci...

Pour information, je suis Prêtre depuis le 28 juin 2009... MERCI...


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Merci à tous, merci au personnel soignant, et plus particulièrement, aux aides-soignantes qui font un travail remarquable!
A vous tous
je vous dis :
M E R C I